Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour cet après-midi. Voici le premier coup du déjeuner.

Clara descend. Maman, grand’mère et M.  d’Astin sont déjà au salon. M.  d’Ellébeuse arrive bientôt. M.  d’Astin lui dit :

— Mon cher ami, j’ai dû vous donner un mal de tous les diables, en vous faisant ranger cette correspondance ; je vous en demande bien pardon.

— Mais pas du tout, mon cher d’Astin… Votre réclamation est entièrement juste, et je me reproche de n’avoir point songé, de moi-même, plus tôt, à vous remettre ces lettres du pauvre Joachim. Vous les relirez avec émotion… Vous me les aviez confiées à la veille d’un voyage déjà ancien, et j’eusse dû, déjà, vous les rendre.

Pendant le repas, Clara demeure silencieuse et dissimule son état d’âme. Elle fait semblant de manger, de crainte d’une observation qui la ferait éclater. Quand on ne la regarde pas, elle glisse à Robinson, qui est près d’elle, le contenu de son assiette. Elle n’entend que vaguement ce qui se dit autour d’elle.

On sert le café sur la terrasse, à l’ombre du tulipier. Clara d’Ellébeuse descend le perron où s’est posé le paon. Elle songe profondément :

… Ces lettres sont du grand-oncle Joachim ;