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Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/16

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et que la lampe au fond des carreaux verts
de la boutique où le pain est amer.

Je ne veux pas, quand revient le printemps,
d’autre joie que celle de l’aigre vent,
que les pêchers sans feuilles fleurissant,
que les sentiers boueux et verdissants,
que la violette et que l’oiseau chantant
comme un ruisseau d’orage se gorgeant.


*


Mon Dieu, donnez-moi l’ordre nécessaire
à tout labeur poétique et sincère.
On m’a conté que les peintres célèbres
peignaient longtemps les yeux, longtemps les lèvres,
longtemps les joues et longtemps les oreilles
des bienheureux que leur génie éclaire.

Je veux ici, puisqu’il faut commencer,
ne point poser à faux dans l’encrier
ma plume. Et, comme un adroit ouvrier
tient sa truelle alourdie de mortier,
je veux, d’un coup, à chaque fois porter
du bon ouvrage au mur de ma chaumière.