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Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/17

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CHANT DEUXIEME


Comme un troupeau en fumée et laineux,
le ciel marchait sous le vent pluvieux.
La pluie luisait sur les ardoises bleues.
Près du portail cria un char à bœufs.
Un coq piqua un coq. Et, sur le vieux
banc de noyer, bâilla Jean de Noarrieu.

On entendit remuer la servante.
La cheminée, obscure et rougeoyante,
flamba plus fort sous le chaudron luisant.
Près du bahut noir, graissé par le temps,
elle éclaira la gourde au lisse ventre,
et le labrit s’étira en bâillant.

Midi sonna. Le lard dans le poêlon
grésilla. Et, contre le landier long,
Lucie brisa avec précaution
deux œufs de poule à coque rousse. Et l’on