Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/30

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flotte le jour. Une odeur de racines
s’élève des feuillag-es de la rive.
Le g’ave cuivré s’étend aux salig-ues.
Dans le dernier reflet du beau soir brille
le vol d’un milan qui bou^e, immobile.
Mais l’après-midi, au luisant soleil,
une vapeur bleue dans du loin sommeille.
Dans la prairie jaune les grillons criaillent.
Le cahot lourd des chars et les sonnailles
se mêlent aux piaillements des volailles
et aux bêlements obscurs de l’étable.
On a hersé. La herse a sursauté
aux mottes. Les bœufs se sont arrêtés,
le sillon fini, le mufle à la haie.
Alors le paysan a incliné
la herse terreuse pour la nettoyer.
Et les bœufs patients se sont retournés.
Maintenant, c’est le moment poétiqiie
où de Noarrieu fait semer le maïs.
Au milieu du grand silence, le pays
se recueille soucieusement, tandis
que, pas à pas, priante, la Lucie