Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/48

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Et le paysan lui répond : a Je l’ai vu.
Il a ses brebis dans les pauvres huttes
qui sont en bas du col du lac d’Assu.
Et il vous aime bien, je vous assure ;
car il m’a dit : Tu diras à la Luce
qu’à la Toussaint je serai revenu.
Et il m’a dit : «Voilà des fleurs pour elle. »
Et le paysan lui tend des fleurs fanées,
les pauvres fleurs qui hantent les sommets,
les édelweïss, ces fiancées des neiges,
et la gentiane et les roses daphnés.
Et la Lucie pleure sur le bouquet.
Elle lui dit : « Lorsque vous l’avez vu,
où était-il ? Et comment est sa hutte ? »
Il lui répond : « Il était au-dessus
d’un grand rocher, auprès du lac d’Assu...
Mais il m’a dit : Tu diras à la Luce
qu’à la Toussaint je serai revenu. »
— « Pauvre Martin 1 fait-elle... Et la Bergère,
la brave chienne, l’avez-vous vue ? » — « La chienne,
elle a été malade au mois dernier.