Page:Jammes - Le Triomphe de la vie, 1911.djvu/49

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La neig’e l’a roulée dans la raillère.
Elle avait eu la patte sous les pierres.
Elle est guérie. Martin l’a bien soignée. »
— « N’a-t-il pas froid, la nuit, dedans la hutte ? »
— (( Ils ont du feu. Il y a de la brume.
Les ours ont peur lorsque les branches brûlent. »
— « Est-ce qu’il m’aime ? En êtes-vous bien sûr ?
— « Oui. Il m’a dit : Tu diras à la Luce
qu’à la Toussaint je serai revenu. »
Et, au retour, la Lucie met dans Teau
les fleurs. Et Jean de Noarrieu lui dit : « Oh !
qu’elles sont belles ! Dis-moi d’où elles sortent ? »
Et la Lucie rougit et dit : « Tantôt
une fille, au marché, m’en fit cadeau ;
elle les a cueillies sur le coteau. »
Et Jean, soudain, regardant les gentianes,
les edelweiss, les daphnés rose-pâle,
sent que son cœur se tord et lui fait mal.
Et il lui semble que sa gorge se casse.