Les fruits pèsent davantag-e la nuit.
La nuit semble s’appuyer sur les fruits.
Ils s’inclinent comme Jean et Lucie.
On aime en tremblant. Les baisers finissent
plus lentement, comme ces rondes rides
que sur leau font naître et mourir les brises.
Et les étoiles se lèvent une à une.
Et Jean, au milieu des vitres obscures,
les voit briller, blanches, jaunes et pures.
Au sud, lentement, se traînent des nues
gonflées d orag-e qui, parfois, sur la lune,
passent un instant puis la laissent nue.
Et la Lucie sommeille. Elle se penche
de plus en plus. Son épaule luisante
jaillit de sa chemise grossière et blanche.
Lui, incliné sur elle, longuement
respire ces cheveux gonflés qui sentent
l’aigre odeur du froment mûr et la menthe.
Ce fut, je crois, le lendemain matin
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