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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/25

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LES LANDES ET LES GRÈVES


Le soleil, reculant à l’horizon sans bornes,
Fait rêver les regards d’une autre immensité ;
La mort semble guetter au bord des écueils mornes ;
D’immobiles granits parlent d’éternité.

Les Bretons ont encore un autel et des prêtres :
Entêtés dans l’espoir des lendemains plus beaux,
Ils vont vers l’avenir en songeant aux ancêtres
Et vivent gravement au milieu des tombeaux.

Plus immuable encor que ton roc solitaire,
Enfoncé dans les flots qui l’assaillent toujours,
Tu gardes, ô Bretagne, aux confins de la terre,
Pour éclairer nos soirs la foi des anciens jours ;

Et, comme tes vaisseaux, joyeux, ouvrent leurs voiles,
Dès que s’allume au ciel la mystique Stella,
Tu passes dans la nuit, le regard aux étoiles,
Sûre qu’un Dieu te guide et que le port est là.