Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
DANS LA BRUYÈRE




Landes, grèves, salut ! — Et toi, terre natale,
Merci de m’avoir fait le rêveur ingénu
Que tentent les lointains de l’ombre occidentale,
Et qu’attire au couchant un désir d’inconnu.

Tu m’as montré, plus haut que la foule qui passe,
Hors de ce cercle étroit où l’homme fut banni,
Les abimes égaux du temps et de l’espace,
Dont l’idéal divin étoile l’infini.

Je n’ai pas vainement sur les bruyères roses,
Au hasard du chemin semant mes jours amers,
Contemplé l’attitude inquiète des choses
Dans le deuil éternel des landes et des mers.

Je n’ai pas vainement apaisé ma souffrance,
Parmi les vagues bruits des flots mystérieux,