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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/30

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DANS LA BRUYÈRE

C’est le soir. Le taureau traverse la cité.
Lui, le rèveur géant des vastes solitudes,
Il est dépaysé parmi les multitudes,
Où manquent à la fois l’air et la majesté.

On fait halte devant une porte qui roule :
C’est ici ! Mais soudain, l’œil sournois, et baissant
Par un suprême effort son cou rude et puissant,
Il se tourne en arrière et fait face à la foule.

Alors, des travailleurs aux bras sanglants et nus
L’entraînent brusquement sur le seuil redoutable,
D’où ne s’exhalent point les parfums de l’étable,
Mais les âcres odeurs de meurtres inconnus.

Devant lui, le boucher colossal se prépare :
Il lève sa massue et la fait tournoyer ;