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Page:Jan - Dans la bruyère, 1891.djvu/91

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LE LOGEUR DU BON DIEU


Les féroces chasseurs au seuil de la caverne,
Fils aimés de la terre et cachés dans ses flancs,
Partageant leur butin avec leurs doigts sanglants.

Race que le désir de l’infini gouverne,
Ils se sont élancés, dompteurs des océans,
Dans de hardis vaisseaux sur les gouffres béants !

Pour temples ils ont pris les forêts frémissantes,
Peuplant de dieux géants leur blème profondeur.
Sans la chercher jamais, ils trouvaient la grandeur.

Et lui, robuste enfant de ces races puissantes,
Sur ce sol âpre et dur, devant les mers sans fin,
C’est encor et toujours d’infini qu’il a faim.

Un jour, il s’éloigna de la pauvre chaumière
Où son père séchait ses filets de pêcheur :
« Là-bas, à l’Orient, je vois une blancheur,

Dit l’enfant, et je veux marcher vers la lumière. »