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Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/13

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On me dit Vous paraissez craindre que si certains rapports précis et certains étaient trouvés entre l’intelligence et le cerveau, la doctrine spiritualiste fût par là compromise et l’existence de l’âme mise en péril. N’est-ce pas faire dépendre une vérité morale des conclusions données par la physiologie ? Si cette science venait à établir rigoureusement les rapports que vous trouvez si incertains, s’ensuivrait-il que le matérialisme eût raison, et que l’âme fût une chimère ? N’est-ce pas porter la question sur le terrain même où le matérialisme a tant d’intérêt à la voir portée ? car s’il n’a pas tout à fait raison encore, il peut espérer qu’il aura de plus en plus raison, et que la physiologie apportera chaque jour de nouvelles preuves de la dépendance de l’âme à l’égard du corps ? Ne vaudrait-il pas mieux déclarer tout d’abord que, lors même qu’il en serait ainsi, rien ne serait encore prouvé contre l’existence de l’âme ? L’âme se prouve par des raisons psychologiques et morales indépendantes de la physiologie ; fût-elle liée, dans l’exercice de ses puissances, à certaines conditions organiques déterminées (ce que d’ailleurs nul ne peut nier), il ne s’ensuivrait nullement qu’elle se confondit avec ces conditions mêmes.

Rien de plus vrai sans aucun doute, et pour ma part je signe tout cela des deux mains. Oui, l’âme se prouve par des raisons morales et psychologi-