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Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/17

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est une résultante. De là vient que si l’on considère un seul de ces éléments, on vient toujours s’achopper à des exceptions inexplicables.

Fort bien ; j’admets cette conclusion qui me paraît en effet le résultat le plus clair des investigations scientifiques dans cette question. Soit, dirai-je la pensée est une résultante, et elle est liée à des conditions très-diverses. Mais qui vous assure que l’une de ces conditions n’est pas la force pensante elle-même, ce que nous appelons l’âme ? Êtes-vous sûr de connaître toutes les conditions desquelles résulte l’exercice de la pensée ? Et si vous ne les connaissez pas toutes, qui vous dit que l’une d’entre elles, et peut-être la principale, n’est pas précisément la présence d’un principe invisible, dont l’oubli déroute tous vos calculs ? Tous les bons observateurs sont d’accord pour reconnaître que, parmi les conditions physiologiques, il y en a qui nous échappent, et qu’il reste toujours dans ce problème une ou plusieurs inconnues. Pourquoi l’une de ces inconnues ne serait-elle pas l’âme elle-même ? L’un des savants les plus hardiment engagés dans les voies nouvelles, M. Lyell, n’hésite pas cependant à écrire : « Nous ne devons pas considérer comme admis que chaque amélioration des facultés de l’âme dépende d’un perfectionnement de la structure du corps ; car pourquoi l’âme, c’est-à-dire l’ensemble des plus hautes facultés morales