Aller au contenu

Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien voulu dire autre chose que ceci c’est que, dans l’état actuel de la science, rien n’est moins démontré que la dépendance absolue de la pensée à l’égard du cerveau. Que dira plus tard la science à ce sujet ? Nous n’en savons rien, et nos neveux raisonneront sur les faits qu’ils connaîtront, comme nous ne pouvons raisonner nous-mêmes que sur ceux qui sont à notre disposition. Toujours est-il que les choses étant telles qu’elles nous apparaissent, nous ne pouvons accorder au matérialisme, comme une proposition démontrée, cette corrélation rigoureuse dont il s’arme contre nous, et qui est, à vrai dire, son seul argument.

On nous dit encore : Est-il bien vrai que la science n’ait rien établi jusqu’ici sur les rapports du cerveau et de l’intelligence ? Et qui pourrait soutenir qu’il n’est pas démontré que le cerveau est l’organe de la pensée ? Quant aux prétendues contradictions que semblent présenter les observations scientifiques, elles tiennent sans doute à ce que l’on considère isolément des conditions qui n’ont de valeur que par leur ensemble. Non, la pensée ne tient pas à une condition unique exclusive elle ne dépend ni de la masse cérébrale toute seule, ni de la structure toute seule, ni de la composition chimique toute seule, ni de l’électricité, ni du phosphore, etc. Elle dépend de toutes ces conditions réunies et harmonieusement combinées. Elle