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Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/28

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de la pensée. Gratiolet, au contraire, non moins positif, non moins versé dans la connaissance des faits, ayant même apporté à la science des observations nouvelles, est le premier à signaler les lacunes de ces faits et les inconnues qu’ils laissent subsister, et n’hésite pas à faire la part de l’âme dans le problème de la pensée. Enfin M. Ch. Dareste est intervenu dans la discussion par un travail original sur les circonvolutions du cerveau, que nous avons mis à profit.

Dans un tout autre esprit, un savant éminent de l’Allemagne, M. Ch. Vogt, professeur à Genève, a publié des Leçons sur l’homme, sa place dans la création[1]. Ce livre est certainement d’une science profonde ; mais il est trop passionné. L’auteur paraît plus préoccupé d’être désagréable à l’Église que de résoudre un problème spéculatif. Il tombe lui-même sous les objections qu’il fait à ses adversaires, et on sent qu’il est sous le joug d’une idée préconçue, ce qui affaiblit beaucoup l’autorité de ses paroles. La science ne doit pas être sans doute la servante de la théologie ; mais elle n’en doit pas être l’ennemie son rôle est de ne pas s’en occuper. L’hostilité la compromet autant que la servitude. Néanmoins le livre de M. Vogt mérite l’examen, et il serait à désirer, pour l’instruc-

  1. Traduction française par M. Moulinié. Paris, 1865.