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Page:Janet - Le cerveau et la pensee, 1867.djvu/59

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Vient ensuite la comparaison des différentes races humaines. Ici il n’est plus guère possible de peser directement des cerveaux, car on n’a pas facilement à sa disposition un cerveau de Chinois, de Nègre ou de Hottentot ; mais à défaut de cerveaux on a des crânes, et au lieu de peser les uns, on prend la mesure des autres[1]. Seulement c’est là une méthode bien inférieure à la précédente pour l’exactitude et la précision, plus loin encore du résultat qu’on veut obtenir. Gratiolet juge cette méthode avec une extrême sévérité. « D’autres, disait-il, emplissent des crânes de millet desséché qu’ils pèsent ensuite, et, comparant les poids obtenus, ils s’imaginent avoir découvert la mesure de la capacité intellectuelle des différentes races. Pauvres gens qui, s’ils le pouvaient, pèseraient dans leurs balances Paris et Londres, Vienne et Constanti-

  1. On a trois méthodes pour mesurer la capacité des crânes : la première consiste à les remplir de grains de millet, et à peser la masse de grains que chacun peut contenir ; la seconde consiste à introduire de l’eau dans le crâne soigneusement bouché, et à peser également l’eau. Ces deux méthodes sont très-inexactes. La troisième, qui est la méthode Morton, d’après le nom du naturaliste américain qui s’en est servi le premier, consiste à remplir le crâne de petit plomb de chasse à grains parfaitement égaux ; on vide ensuite le plomb dans un cylindre gradué, qui donne la mesure cherchée. Suivant M. Broca, ce procédé est d’une exactitude très-suffisante.