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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/115

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de la Madeleine (qui porte un nom de femme), il faut qu’il entre au moins un instant dans une autre église pour effacer cette impression. Dans les manies de l’expiation, la deuxième action qui doit compenser la première a un caractère désagréable, pénible, elle prend l’apparence d’une punition. « Il faut esquisser le geste de s’agenouiller au milieu du salon, donner un coup de coude dans les meubles en passant pour se punir de mauvaises pensées ». Une jeune fille, qui trouve obscène d’aller aux cabinets, s’oblige à faire des révérences avant d’y entrer. À un degré plus compliqué, ce trouble mental donne naissance à la manie des pactes et des conjurations qui est extrêmement importante et qui trouble la vie de beaucoup de personnes. Elles songent à l’action future et s’engagent d’avance à la réparer; elles se promettent de subir un châtiment où elles s’imposent même le châtiment tout de suite. « Je jure de recommencer ma prière du matin dix fois, vingt fois, mille fois sinon, je penserai du mal de Dieu devant les églises ». Une autre croit indispensable de répéter dix fois cette formule : « Non, je ne le ferai pas, arrière Satan », sinon elle croit que dans la journée elle vouera ses enfants au diable. Un autre doit faire huit et seize fois une secousse du ventre, sinon il aura une tête de femme dans l’estomac. Ces malades en arrivent à faire toute la journée des grimaces, des secousses, des mouvements bizarres, à murmurer constamment des mots absurdes pour s’encourager à une action ou pour s’empêcher d’en faire une autre et pratiquement ils ne parviennent plus à rien faire.

Il est important de savoir que chez les psychasténique, comme chez l’hystérique, ces mouvements forcés, ces agitations peuvent grandir et déterminer des phénomènes analogues à la crise d’hystérie d’un diagnostic souvent difficile. Au premier degré, ce seront des mouvements de marche : le malade ne