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PREMIÈRE PARTIE

LES SYMPTOMES NÉVROPATHIQUES


CHAPITRE I

Les idées fixes et les obsessions.


Dès le début des études médicales, les observateurs avaient noté avec étonnement un trouble particulier de l’intelligence, une sorte de délire bizarre que l’on ne pouvait ranger dans l’aliénation proprement dite, parce qu’il était très passager et ne troublait guère les rapports du malade avec la société. Ce délire passager se présentait chez les Pythonisses, chez les Sybilles, sur le trépied sacré de Delphes : il réapparut plus tard chez les possédés du Diable et chez les extatiques possédés de Dieu, il se montra souvent chez une foule de malades tourmentés par un chagrin, une passion ou un remords. Shakespeare nous donne, dans le drame de Macbeth, une excellente description de la conception populaire que l’on se faisait alors de ce trouble mental. Lady Macbeth marche dans son sommeil les yeux ouverts, mais sans voir les témoins ; elle raconte tout haut le meurtre de Banco sans