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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/16

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s’apercevoir de la présence du médecin et de la dame suivante, elle pousse des cris de terreur, quand elle croit voir sur son doigt la fameuse tache de sang : « damnée tache, tous les parfums de l’Arabie ne t’enlèveront pas ». C’est ce phénomène de l’idée fixe que nous considérons encore aujourd’hui comme le type de ces symptômes surprenants que l’on range dans les névroses. Nous verrons les principales formes qu’il prend chez différents malades ; ses variétés, ou du moins deux d’entre elles, sont assez distinctes pour caractériser dès le début deux groupes de malades différents. Les caractères de ces troubles devront ensuite être compris avec quelque précision, car ils se trouveront, si je ne me trompe, dans un grand nombre d’autres manifestations névropathiques.


1. - Les idées fixes de forme somnambulique.


Dans un premier groupe d’observations, l’idée qui trouble l’esprit se présente d’une manière exagérée et souvent assez dramatique pendant des états de conscience anormaux, des sortes de crises qui méritent le plus souvent d’être appelées des somnambulismes. Dans les cas les plus simples, cette idée est le souvenir d’un événement de la vie du sujet, souvenir exact mais qui se reproduit mal à propos sans rapport avec les circonstances environnantes.

Voici un premier exemple : une jeune femme de vingt-neuf ans, Gib…, intelligente, vive, impressionnable, reçoit un jour un peu trop brusquement une fatale nouvelle : on lui annonce que sa nièce, habitant la maison voisine et déjà malade depuis quelque temps, vient de succomber dans des conditions terribles. Elle se précipite au dehors et arrive malheureusement à temps pour voir, sur le trottoir,