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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/215

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nôtre que un point, c’est qu’il se produit d’une manière irrésistible sans la volonté du sujet et qu’il ne peut être interrompu quand on le désire. La fonction du sommeil s’exerce d’une manière indépendante et automatique.

Avec quelques différences de détail, on retrouve le même phénomène chez les psychasténiques qui ont quelquefois des besoins de sommeil irrésistible et qui ne peuvent parvenir à se réveiller, mais le caractère automatique du phénomène est un peu moins net.

À côté de ces exagérations du sommeil et quelquefois chez le même malade, nous connaissons des impuissances du sommeil. L’insomnie est extrêmement fréquente chez tous les névropathes. Souvent ils ne peuvent commencer le sommeil, ils ne peuvent s’en-dormir : au moment où ils le désirent leur esprit présente une grande agitation et ils ne peuvent prendre la décision de l’arrêter. D’autres commencent bien le sommeil, mais au moment où ils vont entrer dans le sommeil profond, ils se réveillent brusquement effrayés par des rêves, des cauchemars, des angoisses. Une grande agitation qui porte sur les mouvements, sur les viscères et sur la pensée se développe à la place de l’acte du sommeil qu’ils ne peuvent pousser à son terme. D’autres malades n’ont qu’une partie du sommeil, ils restent endormis quelque temps au début de la nuit, puis ils se réveillent vite et ne peuvent plus se rendormir. On dirait qu’à l’inverse des précédents, ils peuvent commencer le sommeil mais qu’ils ne peuvent ni le continuer, ni le finir. On ne peut s’empêcher de remarquer, comme je le signalais autrefois[1], que tous ces troubles du sommeil sont singulièrement analogues à ceux de l’action et qu’il y a là une sorte d’aboulie

  1. État mental des hystériques, I, p. 127.