personnes et qu’ils ont toujours été remplacés par des ruminations ou des angoisses. S’il en était ainsi, ces sujets n’auraient jamais pu vivre, ils n’auraient jamais pu s’instruire ni arriver au langage et à la conduite qu’ils ont aujourd’hui. Il est certain que ces circonstances ne deviennent provocatrices qu’à certains moments et pendant certaines périodes. Un état anormal existant depuis un certain temps est la condition de ces crises d’agitations comme des crises d’hystérie.
Ces périodes méritent d’être appelées des périodes de dépression, parce qu’elles sont caractérisées par le développement de tous les phénomènes d’insuffisance qui ont été signalés chez ces mêmes malades. Nous avons étudié, chez eux, des insuffisances de l’attention et de la mémoire qui constituait des doutes tout particuliers, des insuffisances de la volonté qui formaient des innombrables variétés de l’aboulie. L’existence de ces insuffisances est antérieure aux crises d’agitation et c’est précisément parce que depuis un certain temps ils sont incapables d’agir, de se décider, de croire que la nécessité de ces actes détermine l’agitation. Cet état préalable a déjà été observé d’une manière assez vague à propos de certaines impulsions ou de certaines obsessions. On a déjà dit que chez les dipsomaniaques des troubles mélancoliques, une sorte de confusion précède souvent de plusieurs jours l’impulsion proprement dite. Les études que j’ai faites sur ces impulsions confirment singulièrement cette remarque car, pour moi, l’impulsion elle-même à la boisson, à la marche, à l’usage des poisons dépend précisément de cet état mélancolique de la souffrance qu’il détermine et du besoin d’y porter remède.
Mais je crois qu’il faut généraliser cette remarque et constater que cette période de dépression précède toutes les obsessions, toutes les manies mentales et toutes les phobies. Beaucoup de malades l’ont très