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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/309

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a inspiré une passion subite en passant sur la promenade. Le plus étonnant, c’est que cela réussit toujours, le monsieur répond par retour du courrier et la malade, car c’est une malade, continue la correspondance pendant des mois et des années. Ce qu’il y a de triste dans cette histoire, c’est que ces romans se terminent en cour d’assises et qu’ils ont pour le sujet les plus déplorables conséquences; il regrette sa passion, ne la comprend pas, se souvient à peine de ce qu’il a fait et, peu de temps après, il recommence. Le mensonge est pour moi un des accidents mentaux de la névrose, un des délires que l’hystérique peut avoir d’une manière très grave ou d’une manière atténuée, comme elle peut avoir des somnambulismes ou des fugues. Mais on sait très bien que toutes les hystériques ne font pas nécessairement des fugues; de même elles n’ont pas nécessairement toutes l’impulsion au mensonge. Nous ne pouvons pas nous arrêter à ces premiers stigmates mentaux qui nous montrent seulement l’impor-tance que l’on doit attacher dans cette maladies aux troubles psychologiques.


2. – La suggestivité des hystériques.


En réalité le grand symptôme mental que les études récentes de psychologie pathologique ont bien mis en évidence est le phénomène de la suggestion et l’on peut considérer comme un des stigmates essentiels de l’hystérie la disparition à présenter d’une manière exagérée et anormale le phénomène de la suggestion. Cette disposition peut être appelée la suggestibilité ou peut-être mieux la suggestivité : je préfère ce mot, d’abord parce qu’il a été proposé par M. Bernheim, l’un de ceux qui ont travaillé le plus, à une époque où cela était difficile, pour faire admettre