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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/310

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l’importance de la suggestion dans l’hystérie, et ensuite parce que le mot moins usuel rappelle le caractère pathologique que présente le phénomène chez l’hystérique et empêche de confondre cette disposition morale de certains malades avec la suggestibilité normale.

Mais, si l’on veut, comme cela me paraît juste, faire de la suggestion un des symptômes fondamentaux de l’état hystérique, il est nécessaire de préciser ce qu’on entend par ce mot et de ne pas l’em-ployer à tort et à travers pour désigner des phénomènes psychologiques quelconques normaux ou pathologiques.

Ce phénomène consiste d’une manière générale dans une réaction mentale particulière que présentent à certains moments certains sujets quand on fait pénétrer une idée dans leur esprit d’une manière quelconque et le plus souvent par le langage. L’idée qui a été conçue par eux ne reste pas inerte et abstraite, elle ne tarde pas à se transformer en un autre phénomène psychologique plus complexe et plus élevé, elle devient vite un acte, une perception, un sentiment et s’accompagne de modification de tout l’organisme. Si le sujet a conçu l’idée de la marche, de la danse, de la nage; s’il a l’idée d’une secousse de son bras, d’une raideur permanente de sa jambe ou même l’idée d’une faiblesse, d’une impuissance de ces mouvements, le voici qui fait réellement l’acte de marcher, de danser, de nager; le voici qui a des secousses dans son bras analogues à de la chorée, de la raideur permanente de sa jambe analogue à des contractures, ou bien qui nous présente une paralysie systématisée ou complète de telle ou telle fonction motrice. Si sa pensée a été dirigée vers le souvenir, la représentation, l’idée d’un objet, il se comporte à nos yeux comme un individu qui a des perceptions et non des idées; il sent le contact des objets, entend des paroles qu’il croit extérieures et