Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/32

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exemple, qui, dans une rêverie romanesque, arrive à se représenter qu’elle se noie dans la mer Baltique.

Les obsessions et les impulsions génitales seront naturellement parmi les plus remarquables. Combien de jeunes filles ont peur de rester libres, veulent se réfugier dans des couvents, parce qu’elles se figurent être poussées à s’approcher de leurs frères ou de tous les hommes qui entrent. À propos de ces impulsions génitales, je voudrais signaler en deux mots une idée obsédante, à laquelle des événements récents donnent quelque intérêt. Beaucoup de ces malades, des hommes ou des femmes, se prétendent atteints d’inversion sexuelle et déplorent le triste penchant qui les pousse vers le même sexe. Je ne discute pas ici la question délicate des invertis sexuels, mais je suis convaincu que trop souvent on a fait des théories sur l’inversion sexuelle à propos de simples névropathes ayant une impulsion vers cette action, comme ils auraient une impulsion à un crime quelconque, simplement parce qu’ils se la représentent comme criminelle. Inutile d’énumérer les impulsions à d’autres actions malhonnêtes, à voler, à mentir, à quitter le travail, à boire de l’alcool, à absorber des poisons, à résister à toutes les idées que la religion ou la morale commandent.

Obsessions et impulsions de la honte de soi. — Un autre genre d’obsessions voisin des précédents, bien entendu, mais un peu plus simple peut-être se retrouve chez les scrupuleux, soit en coexistence avec les obsessions du sacrilège et du crime dans les cas plus grave. Il m’est difficile de résumer par un mot le caractère général qui se retrouve dans les idées de ce groupe. Il s’agit non seulement de remords proprement dits, mais de mépris, de mécontentement portant, non seulement sur les actes, mais sur les facultés morales, sur la personne du sujet. Le malade a constamment l’idée que ce qu’il fait, que ce qu’il est, que ce qui