Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/31

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si je lutte contre mon cerveau malade, je me moque de Dieu si je consens à me soigner ». L’idée de sacrilège se mêle aux autres idées.

Obsessions et impulsions du crime. — Plus fréquemment peut-être les malades sont préoccupés d’idées morales et pensent constamment à quelque action criminelle qu’ils ne veulent pas faire et qui les tente cependant. Dans les cas complets, l’impulsion est indissolublement associée à l’obsession proprement dite. L’un se figure qu’il est poussé à violer une vieille femme, sur un banc, devant une église. Un autre prétend être poursuivi par la tentation de frapper les gens avec un couteau pointu « qui crève les yeux, qui entre bien ». Ger… est poussée à couper la tête de sa petite-fille, et à la mettre dans l’eau bouillante. D’ailleurs, on ne peut compter les scrupuleux qui ont des impulsions à frapper des gens et surtout à frapper leurs enfants à coups de couteaux. Dans une conférence que je faisais récemment à la Salpêtrière sur ces malades, j’avais pu réunir cinq mères de famille, répétant toutes en pleurant exactement la même chose : que quelque chose les poussait à frapper leurs petits enfants avec un couteau pointu. Ces obsessions impulsives, qui semblent pousser les malades à l’homicide, sont parmi les plus fréquentes et les plus connues. Schopenhauer rapportait déjà un cas d’impulsion à l’homicide chez un malade qui avait conscience de l’absurdité d’une semblable idée et s’en désolait. Maudsley, Magnan, Saury en décrivent de nombreux exemples. Dans une observation de M. Magnan, le malade veut simplement mordre et manger la peau qu’il aura arrachée. On peut donc réunir dans un premier groupe toutes les obsessions-impulsions à des actes de violence quelconque.

L’impulsion au suicide vient par ordre de fréquence après l’impulsion au meurtre. Nous la retrouvons chez beaucoup de nos malades, chez Nadia, par