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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/326

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un stigmate propre, il existe tout autant chez les psychasténiques. Les manies amoureuses des douteurs et des obsédés, leurs jalousies, leurs ambitions puériles sont souvent beaucoup plus caractéristiques et surtout plus durables que les mêmes phénomènes ne sont chez l’hystérique.

À côté de ces sentiments d’incomplétude et peut-être comme une justification de ces sentiments, nous devrions décrire chez tous les névropathes d’innombrables défaillances de toutes les fonctions mentales. On note dans l’intelligence une certaine vivacité apparente associée avec un état fondamental de paresse et surtout de rêverie. Ces malades ne font attention à rien, ne soutiennent que très peu de temps un travail mental et la plupart des névroses débutent chez les jeunes gens par la cessation des études et par l’incapacité complète d’appren-dre quelque chose. En effet, cette incapacité d’attention amène comme conséquence l’absence de mémoire. Tandis que les souvenirs anciens relatifs à des périodes de la vie antérieures à la maladies sont bien conservés et sont même reproduits avec un automatisme exagéré, les évènements récents ne se fixent plus dans l’esprit et passent sans laisser de traces. C’est un trouble de la mémoire que j’ai décrit sous le nom d’amnésie continue, il est fréquent chez les hystériques, mais il ne leur est pas propre et on doit le considérer comme un stigmate commun.

On trouve les mêmes altérations dans les sentiments qui sont modifiés et surtout affaiblis : les sujets qui paraissent si émotionnables ne sentent en réalité rien vivement. Ils sont indifférents à tous les sentiments nouveaux et se bornent à reproduire avec une exagération automatique quelques sentiments anciens, toujours les mêmes. Leurs émotions qui semblent si violentes ne sont pas justes, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas en