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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/327

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rapport avec l’événement qui semble les provoquer. Ce sont toujours les mêmes cris, les mêmes déclamations, qu’ils s’agisse d’une surprise, d’un événement heureux ou d’un événement malheureux.

Enfin nous retrouvons à l’état de germe ces troubles de la volonté qui ont joué un si grand rôle dans tous les accidents des psychasténiques. En dehors de leurs phobies, leur sentiment d’incomplétude, ces malades ont perpétuellement des troubles de leur activité volontaire. Ils ne savent plus se décider à rien, ils hésitent indéfiniment devant la moindre des choses. Je crois qu’ils ne savent même plus se décider à dormir et que dans bien des cas leur insomnie si grave est un phénomène de l’aboulie. Bien entendu ce sont surtout les actions nouvelles qui leur sont difficiles et pendant longtemps ils continuent des actions anciennes sans pouvoir s’arrêter. Même quand leur action est décidée, elle se fait très lentement : la lenteur de ces personnes pour se lever du lit, pour s’habiller est tout à fait classique, il leur faut des heures pour savoir s’ils sont réveillés ou non; ils aiment à fractionner les actes, ils emploient une première journée à chercher du papier à lettres, une seconde à prendre une enveloppe et peut-être qu’en huit jours ils écriront une lettre. Cette conduite amène une conséquence inévitable : c’est qu’ils n’arrivent jamais à rien en même temps que les autres, au moment où il le faudrait, qu’ils sont perpétuellement en retard. Leurs efforts sont d’une grande faiblesse et ils abandonnent l’action commencée pour le moindre prétexte. Dès qu’ils ont fait le moindre effort, ils se sentent horriblement fatigués, épuisés : « c’est un manteau de fatigue qui tombe sur moi » et ils n’ont pas le courage de persévérer. Aussi n’achèvent-ils jamais ce qu’ils ont commencé et sont-ils dégoûtés de tout avant la fin. Cette faiblesse se montre également dans leur faculté de résistance, ils ne savent ni lutter, ni se défendre contre ceux qui les tourmentent : souvent