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Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/366

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On ne constate chez ces malades ni la suggestion proprement dite, ni les phénomènes d’amnésie, d’anesthésie, de paralysie, ni les mouvements subconscients qui sont en rapport avec ce rétrécissement et cette dissociation. Jamais le développement de cette névrose n’aboutit au somnambulisme proprement dit, à l’écriture automatique des médiums, à la double personnalité que l’on trouve au terme de l’hystérie. En un mot, la névrose psychasténique n’est pas essentiellement, comme l’hystérie, une maladie de la personnalité.

Quel soit le symptôme que l’on considère, le trouble essentiel paraît plutôt consister dans l’absence de décision, de résolution volontaire, dans l’absence de croyance et d’attention, dans l’incapacité d’éprou-ver un sentiment exact en rapport avec la situation présente.

C’est pour résumer ces troubles que j’ai essayé d’étudier un caractère remarquable de la plupart de nos opérations mentales, que j’ai proposé de baptiser la fonction du réel. Les psychologues semblent admettre le plus souvent qu’une fonction mentale reste toujours la même, quel que soit l’objet sur lequel elle s’exerce; qu’un raisonnement, par exemple, ou la recherche d’un souvenir garde toujours le même caractère, quel que soit le problème ou le souvenir considéré. Je crois, pour ma part, qu’il y a une très grande différence dans les opérations psychologiques suivant qu’elles s’exercent sur des objets imaginaires ou abstraits, ou bien qu’elles s’exercent à propos de choses réelles qui existent, aujourd’hui même, devant nous, qu’il s’agit de percevoir, de modifier, ou dont il s’agit de se défendre. Il y a, à mon avis, une fonction du réel qui consiste dans l’appréhension de la réalité par la perception ou par l’action qui modifie considérablement toutes les autres opérations suivant qu’elle doit s’y ajouter ou qu’elle ne s’y ajoute pas.