Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/40

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qu’elle transforme en spectacle visuel ses vagues notions anatomiques et les impressions qu’elle ressent de ses différents organes.

Il est inutile de revenir sur le développement de la parole, qui est poussé à l’extrême et qui donne une sorte d’éloquence à des sujets d’ordinaire incapables de parler de cette façon : ce caractère se rattache étroitement aux deux précédents.

2º Le deuxième caractère essentiel me paraît consister dans la régularité de ce développement : le sujet répète les mêmes mots aux mêmes instants, fait les mêmes gestes à la même place toutes les fois qu’il recommence la comédie. Il semble avoir sur ce point une mémoire merveilleuse : quand il a adapté son somnambulisme à une salle donnée, il se souvient de tout ce qu’il a fait aux différents endroits de cette salle, il sait dans quel tiroir il a pris des photographies pour les manger, dans quelle table il a trouvé un morceau de bois qui simulait pour lui un revolver, il va directement à cet endroit, sans hésitation, se rappelant parfaitement ce qu’il veut y trouver. Quelquefois dans le cours des différents somnambulismes, la scène qui est jouée se continue au lieu de se répéter et le sujet semble se souvenir parfaitement du point de son histoire où il était resté dans la crise précédente. On connaît l’histoire d’un somnambule de Charcot qui dans les crises se croyait journaliste et écrivait un roman. Il se réveillait après avoir écrit deux ou trois pages qu’on lui enlevait; dans la prochaine crise, il recommençait son roman exactement au point où il l’avait laissé. Ces observations nous montrent quel rôle considérable jouent dans ces phénomènes l’association des idées et la mémoire.

3º En opposition avec ce développement brillant de certains phénomènes on constate avec étonnement d’étranges lacunes mentales. Ce sujet qui semble avoir des sensations très précises, puisqu’il sait