Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/41

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marcher sur les toits, chercher des objets dans un tiroir et qu’il voit très bien le lit où, dans son imagination agonise sa mère, ce même sujet ne semble pas du tout percevoir les autres objets qui l’environnent. C’est là ce qui avait frappé tout d’abord l’observation populaire : on peut parler à ces malades, ils ne vous répondent pas; on peut essayer par tous les moyens de se mettre en rapport avec eux, ils ne semblent pas vous apercevoir; les objets que l’on met devant leurs yeux ne changent en aucune façon leur rêve. Comme le remarque le médecin de lady Macbeth, les yeux paraissent ouverts, mais sont fermés à tout impression. Disons mieux aujourd’hui : ils sont fermés à toute impression qui ne se rapporte pas à leur rêve. Pour se faire entendre, il faut rêver avec le sujet et ne lui dire que des paroles qui s’accordent avec son délire.

De même que le sujet ne perçoit rien en dehors de son idée dominante, de même il ne se souvient de rien en dehors cette idée, il ne sait plus où il est, il ne sait plus les changements survenus depuis l’époque qu’il récite, souvent il ne sait même plus son nom. Il n’a des souvenirs, comme des sensations, que dans une sphère très restreinte.

4º Le somnambulisme se termine, le sujet revient à la conscience, nous voyons alors de nouveaux caractères s’ajouter aux précédents. Le malade a repris les sensations, les souvenirs qu’il avait perdus, il sait son nom, il sait où il est, il se souvient de tous les événements de sa vie, il paraît avoir son caractère et sa personnalité ordinaire. Mais, chose surprenante, dans cette personnalité, le somnambulisme a laissé une lacune; le sujet paraît avoir oublié toute cette période précédente, qui nous a tant surpris par son caractère dramatique. Il ne s’en préoccupe pas, ne cherche pas à continuer son rêve ou à le contredire, il ne cherche pas à s’excuser de toutes les absurdités