Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/42

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qu’il vient de faire devant nous, il semble ne pas se douter qu’elles aient eu lieu. Quand on l’interroge sur ce qu’il vient d’éprouver, il répond d’une manière fort vague, il se souvient des malaises du début, des dernières périodes de la crise, quelquefois il sait vaguement qu’il a crié, il sait, d’après ce qu’on lui a dit, qu’il parle, dans ses crises, mais tout cela est très léger et, en réalité, il n’a pas le souvenir de l’idée qui a joué un si grand rôle dans sa crise, ni des détails de son développement. Certains fait nous montrent quelquefois la profondeur de cet oubli : des malades qui volent ou prennent des objets dans leurs crises et qui les cachent ne peuvent plus les retrouver, d’autres qui se sont blessés ne comprennent pas l’origine de leurs contusions. Beaucoup ont avoué tout haut devant nous toutes sortes de choses qu’ils voulaient nous cacher, ils restent convaincus que nous ne les savons pas; ils n’ont aucunement les sentiments de gêne qu’ils auraient , s’ils soupçonnaient que nous sommes renseignés. Il y a une foule d’indices moraux qui nous montrent l’importance de cette amnésie. Comme ce phénomène est très important et que nous aurons à y revenir dans le chapitre suivant, il nous suffit de constater ici son existence.

Quand les idées fixes ne sont pas complètes, quand elles prennent la forme que nous avons appelée partielle, le sujet, comme on l’a vu, ne perd pas conscience pendant que s’exécutent les mouvements, pendant que se développent les hallucinations. Il n’y a plus, ici, d’amnésie proprement dite, mais il y a un phénomène analogue, c’est l’inconscience. Pendant que sa main écrit les billevesées en rapport avec l’idée de sa mort, My… ne paraît pas se douter de ce qui se passe, elle ne sent pas ses actes, ou ne les sent qu’incomplètement sans les comprendre. Cette malade qui, toute éveillés, rêvait à se jeter dans la