Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Fontenelle. Il se fait humble et caché avec autant de soin que les autres poètes en prennent pour se faire voir. On louerait vraiment sa modestie, si l’on y pouvait croire. Il mènera pendant cent ans cette heureuse vie, et M. le régent d’Orléans lui commandera, plus tard, une déclaration de guerre contre les Anglais.

Notez bien que la musique était partout, dans Versailles, à Marly. Les petits violons du roi, comme on disait alors, représentaient tout un orchestre. Il y avait parmi ces petits violons des trompettes, des clairons et des tambours ; ils faisaient danser les danseuses du grand appartement ; ils accompagnaient les princesses dans les caveaux de Saint-Denis. Quand on buvait à la santé du roi, les petits violons chantaient en musique : Vive le roi ! au bruit des orgues, des trompettes et des timbales. Que de Te Deum ils ont célébrés, et combien de De profundis !

Manger avec le roi était le plus grand honneur que Sa Majesté pût faire à l’un de ses sujets. Quand M. de Vauban eut élevé cette formidable ligne de défenses sur nos frontières du Nord, quand il eut renversé tant de villes ennemies, le roi lui donna cent mille francs, et le pria à dîner. Jamais M. de Vauban n’avait eu l’honneur de manger avec le roi ; c’est pourquoi vous ne croirez pas un mot de cette étrange histoire de Louis XIV invitant Molière à déjeuner.

Quant aux sujets des causeries de Versailles, ils sont innombrables. Tous les bruits de la ville arrivent aux oreilles de la cour. Chacun de ces salons habités par les dames, jusque sous les combles du palais, répète en véritable écho les actions les plus fabuleuses, les anecdotes les moins croyables. Surtout les morts de chaque jour tiennent une grande place en ces menus propos :

Le comte de Bussy-Rabutin est mort dans ses terres,