Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/173

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en Bourgogne. Il était en pleine disgrâce, et pas un des courtisans ne songe à reconnaître en cet homme, insolent avec les petits, prosterné devant les grands, un véritable écrivain.

Mme de Brégi, femme de chambre de la reine mère, a fait une restitution de deux cent cinquante mille livres à Monsieur, qui n’a pas été fâché de cette heureuse aubaine.

Mme de la Sablière, à qui nous devons de charmantes poésies, est morte aux Incurables, en vrai poète.

Écoutez cependant la fameuse dispute entre le grand maître de la garde-robe et le maître de la garde-robe qui va entrer en année : M. de La Rochefoucault prétend que M. de Souvray lui doit porter chez lui les robes de chambre qu’on a faites pour le roi, et M. de Souvray prétend que le maître de la garde-robe n’est point obligé de rendre ce devoir-là au grand maître de la garde-robe.

Le chevalier de Forbin est arrivé ce matin au lever du roi, avec le fameux Jean-Bart. Prisonniers de guerre en Angleterre, ils se sont échappés de leur prison. Le roi les a faits capitaines et leur a donné de l’argent. L’argent du roi, on ce temps-là, était un grand honneur, et les plus grands seigneurs tendaient la main volontiers et publiquement.

M. le Dauphin ayant commandé vingt-cinq justaucorps magnifiques pour la chasse du loup, les courtisans qu’il oublia dans sa distribution furent au désespoir. Qu’on ne s’étonne plus, après cela, de Mme Geoffrin donnant des culottes de velours aux beaux esprits de son salon.

Pendant que l’on causait à perte de vue pour savoir si le capitaine des gardes avait, oui ou non, le droit de prêter serment l’épée au côté, à peine si l’on accordait une ou deux minutes d’attention à la mort de la reine de