Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/221

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, les Frontins, les Mascarilles et les Scapins que j’ai sous les yeux, ne sont pas, certes, plus habiles, plus retors et plus dangereux que nos coquins de comédie, et je ne veux pas que, faute de l’intervention d’un galant homme habile en ces petits mystères, une honnête femme et sa nièce, et sa loyale servante, et ce brave notaire amoureux, mais discret, tombent pêle-mêle dans les embûches de ces Frontins de petite ville. Allons, courage ! et si la dame ici menacée est ma cousine, et si voilà bien le clos de Saint-Géran dont je possède encore une douzaine de vieux échantillons, si la reconnaissance est unie au devoir, et s’il m’est donné de mettre en œuvre à mon tour, pour mon propre compte, la suite ingénieuse des ressources que possède en son esprit un véritable enfant de Molière et de Regnard, certes, je n’aurai point perdu ma journée.

Il se disait cela toujours sous la visière de sa casquette. Les voyageurs avaient commencé par dédaigner cet inconnu ; ils avaient fini par ne plus le voir. Quand le soleil eut disparu, les endormis secouèrent leur torpeur. La conversation interrompue reprit de plus belle ; et maintenant que notre homme était au courant de tous ces discours, il savait à fond la conjuration de tous ces cuistres.

— Mes petits messieurs, se disait-il, garde à vous ; vous étiez tout à l’heure des monstres en morale, et maintenant vous n’êtes plus que des pantins dont je tiens tous les fils.