Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/50

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ntine de Milan : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien ! » C’est qu’en effet la voilà tout simplement qui se meurt. Il n’y a rien de plus triste et de plus doux que les derniers jours de l’aimable Laurette. Elle met en ordre toutes choses, et puis elle dit : « Je voudrais voir M. Tronchin. » C’était le médecin à la mode. Il se rendit chez Laurette, et cet homme lassé de tout, le témoin de tous les désespoirs silencieux, de toutes les douleurs muettes, et des plus terribles agonies que contenaient ces temps de désordre et de doute, comme il dut être étonné et charmé de cette enfant résignée et calme et regardant la mort sans pâlir !

Toutefois, malgré notre juste et sincère admiration pour cette aimable demoiselle, il nous semble, en fin de compte, qu’elle eût laissé pour les jeunes filles d’aujourd’hui un plus heureux et plus utile exemple, avec moins de zèle à des études trop nombreuses pour être toutes salutaires, avec plus de modestie et de réserve au milieu des vains bruits de ce monde, emporté par les grands orages. Peut-être on admirerait un peu moins Mlle de Malboissière ; on l’aimerait davantage. Son portrait serait d’un moins vif éclat sans doute, et y gagnerait en grâce, en charme, en candeur.