Page:Janin - Contes, nouvelles et récits, 1885.djvu/98

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grâces en accordant à ses enfants légitimés les rangs et les honneurs du sang royal, à tel point que les enfants légitimes venant à manquer, les fils légitimés devaient être appelés à porter la couronne. Nous avons déjà dit que le testament du roi avait été cassé, à la grande douleur de M. le duc du Maine et surtout de la princesse ; ardente et violente, à aucun prix elle n’acceptait cette déchéance, et par toutes les façons, même criminelles, elle tenta de regagner le terrain qu’elle avait perdu. Plus sa fureur était cachée, et plus l’éclat en devait être redoutable.

Il y avait à la même heure, à Paris, un ambassadeur du roi d’Espagne appelé le prince de Cellamare, homme habile et caché, qui n’avait rien moins que l’ambition de placer sur la même tête la couronne d’Espagne et la couronne de France. Attentif à toutes choses, il savait le nombre et le nom des mécontents de Paris, des mécontents de la Bretagne ; il enrôlait sous main des officiers, ennemis de M. le régent, et quand il se fut bien assuré que Mme la duchesse du Maine irait bien vite au delà de toutes les bornes, il lui fit proposer d’entrer dans une vaste conspiration qui mettrait le roi d’Espagne à la tête du gouvernement de la France, et M. le duc du Maine pour représenter Sa Majesté Catholique. Tel fut le commencement de cette conspiration, qui n’interrompit aucune des fêtes qui s’agitaient autour de la princesse. On ne parlait que des plaisirs de Sceaux : concerts, proverbes, comédies, bals et toilettes.

Dans ce tumulte, on aurait eu grand’peine à reconnaître Mlle de Launay ; elle était enfouie en cet entre-sol sans lumière, et si bas, qu’elle touchait le plafond de sa tête. On l’employait à la lingerie, et chacun l’appelait la maladroite. Elle était si troublée, et plus elle