criminel qui va mourir, et d’entourer son échafaud des crêpes les plus noirs. La conclusion de tout ceci, Lacenaire lui-même va vous la dire : « On laisse Avril se morfondre tout seul, dit-il, et moi, on m’entoure, et je ne manque de rien, parce que je fais des vers. »
Voilà tout le secret de l’affaire. — Pourquoi va-t-on écouter l′orateur Lacenaire ? il fait des vers ! Pourquoi d’honnêtes gens ont-ils osé toucher la main hideuse de Lacenaire ? il fait des vers ! Pourquoi toute épouvante cesse-t-elle en présence de cet homme ? il fait des vers ! Et pourquoi toutes ces belles dames qui vont l’assister aux assises, qui vont l’entendre blasphémer en prison, qui vont le voir mourir à sept heures du matin, au risque de s’enrhumer, ces douces femmes ? Tout cela, parce que Lacenaire a fait des vers ! Horrible privilège ! Abominable distinction ! Eh ! ne dirait-on pas, à cet empressement général, à cet éblouissement universel, à ces applaudissements déshonorants, que ce soit là une denrée bien rare de nos jours, des vers !
Ainsi tous les crimes se tiennent ; ainsi toutes les mauvaises littératures sont liées l’une à l’autre, comme la reconnaissance au bienfait ! Que de malheureux jeunes gens se sont donné la mort pour faire imprimer leurs vers ou faire jouer leur