Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/10

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Ou une longue dissertation littéraire ;

Ou bien encore un sanguinaire plaidoyer en faveur de la peine de mort ;

Ou même une histoire personnelle ;

Ou, si vous aimez mieux, quelque long rêve commencé dans une nuit d’été lourde et chaude, achevé au milieu de l’orage.

Quoi qu’il en soit, mon livre est fait ; le voici : maintenant, à la grâce de Dieu et du lecteur !

À peine sorti de ma retraite, mon œuvre à la main, j’ai rencontré tout à coup la Critique, cette capricieuse déesse dont on parle en sens si divers ; je l’ai reconnue à son air ennuyé ; dès le premier abord, elle a été impitoyable à mon égard ; c’était pourtant la première fois qu’elle me voyait.

Elle a commencé par me demander si j’étais un poëte ; et lorsque dans toute l’humilité de mon âme je lui eus répondu que non-seulement je ne l’étais pas, mais que je ne l’avais jamais été, elle est devenue plus affable ; seulement elle m’a conseillé de prendre un air plus grave et moins content de moi-même, et surtout de me couvrir d’un manteau plus prosaïque pour le voyage périlleux que je voulais accomplir.

Après quoi elle a voulu savoir le nom de mon œuvre ; quand elle a su que je l’avais intitulée : l’Ane mort et la Femme guillotinée [1], son front est redevenu sévère ;

  1. Cette fois, arrivé à la septième édition, l’auteur a fait disparaître ce second titre du frontispice de son livre, et il pense qu’il a bien fait.