Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/115

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bras, charmée de sa jeune beauté, elle se laissait conduire à nos fêtes, à nos spectacles, partout où, pour être bien reçue, il suffit d’être jeune et jolie.

Il y a aussi, dans mon trésor, un bracelet du plus fin travail ; je le garde avec soin ; il me fut livré dans un moment de folle ivresse, quand la main se fait petite pour mieux étreindre, quand l’or glisse sur le bras comme sur l’ivoire, quand une femme oublie toutes choses, même ses dentelles et ses perles. Elle me donna ainsi tout d’un coup son bracelet et son amour ; mais son amour où est-il ? De tout l’or qu’elle a usé, la pauvre fille, voilà peut-être tout ce qui reste ! Au moins, plaise au ciel, quand elle aura trente ans, de lui accorder une bonne place à Bicêtre ou aux Filles-Repenties, puisqu’elle doit y venir tôt ou tard !

Mais vous dirai-je toutes mes richesses ? Voici l’anneau de la fiancée de Gustave ; elle m’avait juré de lui être infidèle, et elle a tenu sa parole, l’honnête fille ! À peine eut-elle à son doigt cette alliance bénie par le prêtre, qu’elle la changea avec moi contre une bague mystérieuse qui portait notre chiffre ; voici un bout de la jarretière rose que me tendit sa jambe complaisante sous la table du banquet. Portez à votre lèvre le petit gant de la belle Anna, elle me le jeta au visage dans un