Aller au contenu

Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

noré, pour prendre ma fille dans son pensionnat ; je veux la voir ; vous lui direz que si elle est sage elle ne quittera plus sa mère ! Moi, j’allai chercher l’enfant. Toute la bande des jeunes pensionnaires était lâchée dans le jardin. — Il fallait les voir ! — il fallait les entendre ! C’étaient des petits cris d’oiseaux joyeux qu’on vient de mettre en liberté. Dans ce pêle-mêle de frais visages, je reconnus à sa fraîcheur la petite Pauline, déjà pensive. Je l’emmenai triomphante et sans qu’elle prît le temps de dire adieu à ses jeunes compagnes. Arrivés à la porte de sa mère : — Que me donnerez-vous, lui dis-je, si je vous dis une bonne nouvelle ? Salut à vous, mademoiselle Pauline ; vous resterez chez votre mère si vous êtes sage ; la pension n’est plus faite pour vous ! Alors Pauline, détachant son petit voile vert : — Tiens, me dit-elle, je te le donne pour la bonne nouvelle, et du même pas elle courut embrasser sa mère.

Mon joli petit voile ! mon chaste gage ! tu es d’une gaze grossière, le soleil du midi a enlevé ta couleur, tu n’as pas d’autre odeur que cette odeur indicible que laisse après elle une belle et honnête enfance de quinze ans ; eh bien ! mon voile ingénu, mon voile qui n’avais rien à voiler, tu es le plus précieux de mes trésors, tu es la partie honnête et sainte de cette touchante histoire ;