Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/120

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se composait d’un mouchoir de soie, dont la couleur appartenait évidemment à une mode passée ; le mouchoir était accompagné d’un simple billet soigneusement cacheté et encore tout empreint d’un parfum doux et faible, suave avant-coureur d’une lettre d’amour. J’ouvris cette lettre ; elle était d’une si belle écriture, que d’abord je ne pus la croire de ma main ; ce ne fut pas sans une émotion profonde que je relus ces vers depuis longtemps oubliés :


À MARIE.

Il te plaît, jeune fille ; eh bien ! je te l’envoie ;
Et la prochaine nuit, loin des yeux importuns,
Si tu veux confier à ses longs plis de soie
Tes cheveux doux et bruns ;

Si le sommeil, plus fort que ta coquetterie,
Endort ton frais sourire, un moment arrêté,
Pour ne laisser régner sur ta bouche fleurie
Que ta jeune beauté ;

Si, plus doux que les feux des deux frères d’Hélène,
Tes yeux sous leur paupière ont voilé leur clarté,
Et si les soupirs seuls de ta suave haleine
Troublent l’obscurité ;