Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/122

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Oh ! mais, lorsque l’azur de ce tissu de soie
Pressera sur ton front tes beaux cheveux bouclés,
Eusses-tu renfermé tes plaisirs et ta joie
Sous mille et mille clés ;

Si de quelque rival enivré sur ta couche
Les baisers enflammés, qui me feraient affront,
Répondant en silence aux baisers de ta bouche,
L’écartaient de ton front ;

Plus forte que le cri de cet oiseau sinistre
Qu’une nuit orageuse évoque de son sein,
Plus triste que le chant du vieux et saint ministre
Qui trouble l’assassin ;

Cette voix te crira : « Prends garde ! ta folie
Peut-être aura demain de subites rougeurs ;
Son œil voit tout, prends garde ! un cœur qu’on humilie
Rêve des jours vengeurs. »

Ou plutôt si tu dois, dans une nuit profane,
En faire à ton amant un triomphe moqueur,
Livre au feu, dès ce soir, ce tissu diaphane,
Brûlé comme mon cœur !


Je refermai violemment mon tiroir, et sur la planche d’à côté je saisis mes pistolets : c’est une belle arme, montée par Stelein, et trempée dans le Furens. Je m’amusai à les contempler de nouveau, à regarder