Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— J’embrasse en tout respect une vénérable fiancée, répondis-je en m’inclinant.

— Votre petite Jenny, répondit-elle.

— Ma petite Jenny, soit, et je ne pus retenir un gros soupir.

— Vous viendrez à la noce, n’est-ce pas ? me dit Jenny en jouant avec mon habit ; nous vous attendrons demain.

— Bien volontiers, Madame ; et à ces mots elle me quitte en courant de toutes ses forces. Je me mis à la fenêtre, et l’instant d’après je la vis remonter dans une grosse charrette de blanchisseuse, traînée par un grand cheval normand. Elle gouvernait cette lourde machine avec autant de facilité qu’un cocher du faubourg Saint-Germain qui conduit sa noble maîtresse à Saint-Sulpice.

Le lendemain, je me dirigeai vers les Batignolles. La noce était nombreuse ; au moment où j’arrivais, elle se rendait à l’église. Jenny ouvrait la marche ; sa bonne et calme figure respirait la tranquillité la plus parfaite ; la jeune femme était vêtue de blanc, sa tête était couverte de rubans ; elle portait au côté droit un énorme bouquet de fleurs d’oranger qui me fit presque rougir. Son mari venait après elle, jovial garçon fort insignifiant