Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je ne sentis rien ; l’air arrivait à mes poumons lentement, mais la moindre parcelle de cet air balsamique et bienfaisant retenait ma vie ; et d’ailleurs, légèrement balancé dans cet espace aérien, je me sentais bercé par une main invisible. Le bruit à mon oreille, c’étaient les divines mélodies du ciel ; ce souffle tiède et pur sur mes lèvres brûlantes, c’était le baiser de ma bien-aimée ; je voyais les objets comme à travers un voile de gaze ; c’était un lointain lumineux comme si le paradis eût été tout au bout de ma vision. À coup sûr, la sainte Vierge me venait en aide, car j’étais son martyr. Et puis n’avais-je pas mon scapulaire et les cheveux de Maria sur mon cœur ? Tout à coup, l’air me manqua, je ne vis plus rien, je ne sentis plus de balancement ; j’étais mort !

— Pourtant, lui dis-je, vous voilà de ce monde plus que jamais, et très-peu disposé à en sortir.

— Ceci est un grand miracle, me répondit gravement le bandit. J’étais mort depuis une heure, quand mon digne capitaine coupa la corde de la potence. Lorsque je revins à moi, mes yeux rencontrèrent le bienveillant regard d’une femme qui, penchée sur moi, me rendait mon âme.... une âme plus pure et plus forte. Cette femme avait la voix italienne, une grâce italienne, le doux