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Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/159

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Je m’approchai du bandit, et d’un air solennel : — Je vous félicite, lui dis-je, vous êtes un homme sauvé ! Votre talent de rôtisseur vous fera mieux venir parmi nous que si vous étiez un grand musicien, un poëte, un peintre, un sculpteur, un général. Il ne tient qu’à vous de devenir un pouvoir, car nous sommes dans l’âge d’or de l’égalité. Bien plus, à l’heure où je vous parle, la France entière n’est occupée qu’à débattre les devis de la salle à manger d’un ministre. Parcourez donc tout Paris, et à la première maison qui pourra vous convenir, entrez fièrement, dites au maître : Je suis un grand cuisinier, prouvez-le, et vous êtes à la tête des affaires.

Le pendu me remercia d’un geste amical ; je le quittai, tranquille désormais sur sonsort