Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/158

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mille hommes, payés à cinq sous par jour, qui s’en servent aussi bien que vous ; il faut enfin que vous sachiez qu’il n’y a dans le monde qu’une nation étrangère qui ait le droit de garder le roi, et depuis la Ligue on n’a jamais pensé aux Italiens.

— Ah ! dit le bandit en fronçant le sourcil, la misérable nation qui n’est pas assez riche pour nourrir une bonne compagnie de brigands, avec un chef ! Si vous aviez l’honneur d’en posséder une seule, tant pis pour Maria ! ce soir même j’irais faire la cuisine à vos bandits, et je serais le bien-venu.

— Que dites-vous ? vous leur feriez la cuisine ? et quelle cuisine, s’il vous plaît ?

— Par Dieu, je leur ferais une cuisine de grande route, et je ne sache pas que parmi vous il soit un homme assez dégoûté pour refuser de manger de mon rôti assaisonné avec du piment. Quand j’étais à Terracine, j’étais l’homme le plus renommé pour le civet de lièvre et pour la sauce d’anguille de buisson. C’est ainsi qu’en a jugé son éminence le cardinal Fesch, que Dieu conserve ! On m’envoya chercher un soir dans ma forêt pour lui faire à souper, et, le repas fini, il jura sur son âme que dans son propre palais il n’avait jamais rien mangé de plus exquis.