Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/163

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À ces mots, il se fit tout à coup un grand silence ; les hommes se rapprochèrent du narrateur ; les dames, oubliant leur aiguille, prêtèrent une oreille attentive. Vous avez peut-être remarqué des femmes en groupe, écoutant un récit qui les intéresse ; alors vous avez souvent admiré cette physionomie qui s’anime, cet œil qui s’ouvre de toute sa grandeur, ce sein qui s’arrête tout court, ce joli cou qui se dresse comme le cou du cygne, et ces deux mains oisives qui retombent nonchalamment : voilà ce que j’admirais moi tout seul, en attendant qu’il plût au Turc de commencer.

— Que Mahomet soit loué ! dit-il ; mais une fois dans ma vie j’ai pénétré chez les épouses sacrées de Sa Hautesse !

Ici l’attention devint plus grande ; je remarquai une jeune fille de quinze ans qui écoutait, assise à côté de sa mère ; elle fit semblant de reprendre son ouvrage. Quand on travaille on n’écoute pas.

— Je me nomme Hassan, reprit le Turc ; mon père était riche, et je le suis. En véritable musulman, je n’ai eu qu’une passion dans ma vie, c’est la passion des femmes. Mais autant j’étais passionné, autant j’étais difficile dans mes choix. C’était en vain que je parcourais tous les marchés les plus célèbres, je n’en trouvais