Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/170

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par cette douce chaleur, annonçaient une satisfaction inattendue. Il y a tout un poëme descriptif dans le premier feu de ce dernier jour d’automne, qui vous donne à l’improviste un avant-goût des plaisirs flamboyants de l’hiver.

Cependant le feu brillait dans l’âtre ranimé ; au moment où la flamme blanche et bleue, précédée d’une bonne odeur de sapin, jetait son plus grand éclat, elle se porta subitement sur un jeune homme qui n’avait pas encore parlé. Il était assis dans un coin et semblait ne prendre part à la conversation que pour en relever de temps à autre les traits saillants par un sourire moitié affable, moitié moqueur, de sorte qu’à l’instant même tout l’intérêt fut autour de cet homme. D’ailleurs il était jeune et beau, son œil était noir, et tout révélait en lui l’homme de goût et l’homme d’esprit, qui dans le monde ne se regarde comme supérieur ou comme inférieur à personne. Au premier abord et à la curiosité des regards, notre jeune homme comprit qu’on lui demandait une histoire. Aussitôt, sans se faire plus longtemps prier, il appuya son bras sur le siége d’une jeune femme qui était presque assise devant lui, et, la tête penchée à côté de cette tête fraîche et jolie, il commença son récit avec une voix si douce et si pure,