Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/208

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profondément : — Pourriez-vous m’indiquer la demeure de madame de Saint-Phar, Mademoiselle, si tant est, comme l’assure le caporal, que vous la connaissiez ? — Si je connais la Saint-Phar ! reprit mademoiselle Agathe ; Dieu merci, on est faite pour la connaître, et si je voulais bien, je la connaîtrais mieux encore ! Disant ces mots d’un ton dédaigneux, elle relevait fièrement la tête, et le corps, et le bas de sa robe qui commençait à être raisonnablement fangeux. — Ainsi, Mademoiselle, vous aurez la bonté de m’indiquer cette maison ? — Pour qui me prenez-vous ? reprit mademoiselle Agathe les yeux en feu. — Allons, allons, Agathe, sois bonne fille, ajouta le caporal, ne te fais pas prier pour rendre service à un honnête jeune homme ; que diable ! il faut bien que tu lui montres que nous connaissons de la bonne société, quelque chose d’élevé, et non pas seulement de petites filles sans consistance qui n’ont pas quitté le faubourg Antoine. Les pauvres filles se mordirent les lèvres, mademoiselle Agathe composa un gracieux sourire, et de son index, dont l’ongle long et noir s’était fait jour à travers le gant de chamois : — Vous irez tout droit devant vous, me dit-elle ; au bout de l’allée vous tournerez à droite jusqu’au Palais-