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Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/214

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— Peu importe, reprit la femme qui était à droite ; vous savez bien, ma chère amie, que les plus honnêtes filles peuvent y aller, et il faut espérer que cette leçon lui profitera ; puis, s’adressant à la postulante : — Il me semble, ma belle amie, que je ne vous ai vue encore nulle part ?

— En effet, Madame, nulle part.

— Tant pis cela, reprit la femme qui présidait l’assemblée ; vous aurez contracté des idées de luxe et d’indépendance qui ne peuvent pas cadrer avec la tranquillité de cette maison. Il nous faut, Mademoiselle, si vous voulez être longtemps des nôtres, une soumission profonde, une obéissance sans bornes ; vous ne serez ni gourmande, ni bruyante, ni malade ; vous aurez grand soin de vos robes, de vos bonnets et de vos chapeaux ; vous irez demander vous-même à monsieur le commissaire de police la permission de faire sagement votre métier, et vous vous soumettrez à toutes les lois exceptionnelles qui régissent la matière ; vous ne boirez du vin qu’une fois par semaine, et vous n’irez au spectacle qu’une fois par mois. À ce prix-là, nous ne demandons pas mieux que de vous encourager. Mais cependant, Mesdames, si nous la prenons, que faut-il en faire, et quel est votre avis ?